Le soleil est enfin de retour à Madrid. Divine nouvelle pour les étudiants qui participent ces jours-ci au premier «décathlon solaire» européen, à deux pas du Palais royal. L'objectif y est double: faire triompher leur concept de maison solaire et sensibiliser le public.
Inauguré le 17 juin, le «village solaire», avec ses 17 maisons au design futuriste ou plus classique, campe jusqu'au 27 juin sur 30 000 m2 entre les jardins du Palais Royal et le petit fleuve de Madrid, le Manzanares.Soit le temps que va durer la compétition, mettant aux prises des universités d'Espagne, d'Allemagne, de France, des Etats-Unis, de Chine, de Grande-Bretagne et de Finlande.
«La compétition s'appelle Solar Decathlon Europe car (les candidats) doivent passer 10 épreuves comme dans la compétition olympique du décathlon», souligne à l'AFP le directeur de l'organisation, Javier Serra Maria-Tomé.
«Les trois premiers vont gagner un trophée», ajoute-t-il depuis l'un des rares endroits du site à l'ombre.
«Mais ils vont aussi gagner un prestige énorme, pour leurs universités, leurs partenaires et eux-mêmes», assure le directeur du «Solar Decathlon Europe» (SDE), une compétition créée par le département américain de l'Energie et qui a eu lieu aux Etats-Unis en 2002, 2005, 2007 et 2009.
C'est la première fois qu'elle est organisée en Espagne, numéro deux pour l'énergie solaire en Europe après l'Allemagne.
Les 17 projets, qui ont chacun reçu une subvention de 100.000 euros du ministère espagnol du Logement, vont être jugés par un jury sur différents critères: architecture, intégration des composants solaires dans la structure, efficacité énergétique, possibilités de commercialisation...
«Ces maisons ont un grand avantage commercial: elles ont un coût d'exploitation presque nul. Vous n'allez pas devoir payer de facture d'électricité durant toute votre vie», souligne avec enthousiasme M. Serra.
Les étudiants ont rivalisé de trouvailles technologiques pour tenter de séduire le jury, composé notamment d'experts en architecture et en systèmes solaires.
Les étudiants de l'université des sciences appliquées de Rosenheim, près de Munich, présentent ainsi une façade originale avec des ouvertures à trois dimensions pour filtrer la lumière du soleil tout au long de la journée.
Ceux de l'Ecole nationale supérieure d'architecture de Grenoble (Ensag) ont misé sur le tatou («Armadillo Box»), s'inspirant du «système» de rafraîchissement naturel de l'animal à carapace. Leur maison est composée «d'un noyau central, d'une enveloppe thermique avec par dessus un bouclier thermique et protecteur», explique l'un des membres de l'équipe, Olivier Des Rieux.
Mais il prévient que la concurrence sera rude: «Toutes les maisons sont ultra-compétitives, elles ont toutes des systèmes efficaces qui sont des solutions tout à fait fiables pour le futur».
«C'est mon rêve de vivre dans une maison comme celle-là», confie Elena, venue visiter la «maison tatou» des étudiants de Grenoble en compagnie de son mari et de leurs deux filles. «Le seul problème c'est que ce soit accessible financièrement».
A titre d'exemple, la «maison tatou» installée à Madrid coûte dans les 5.000 euros le m2, soit 75 m2 pour 375 000 euros. Mais il s'agit là d'un prototype, forcément beaucoup plus onéreux qu'un modèle destiné ensuite au grand public, assurent ses créateurs.
Sébastien Guiné, Agence France-Presse
Madrid