jeudi 29 avril 2010

La marée noire déclarée «catastrophe nationale»

La marée noire qui menace la Louisiane a été décrétée jeudi «catastrophe nationale» aux Etats-Unis dont elle pourrait toucher les côtes vendredi, le président Barack Obama promettant de mobiliser «toutes les ressources» du pays dont l'armée.

Alors que le gouverneur de Louisiane Bobby Jindal déclarait l'état d'urgence, les services de secours étaient engagés dans une course contre la montre face à l'imminence de l'arrivée de nappes de pétrole brut.


La ministre de la Sécurité intérieure, Janet Napolitano, a indiqué que la marée noire provoquée par le naufrage il y a une semaine d'une plateforme pétrolière dans le golfe du Mexique avait été décrétée «catastrophe nationale», mesure permettant l'utilisation de moyens venant de tout le pays.


Une nappe pourrait toucher le delta du Mississippi «vendredi soir», a déclaré une responsable des garde-côtes, l'amiral Sally Brice O'Hara. La zone la plus à risque dans l'immédiat se trouve à l'extrémité sud-est de ce delta, entrelacs de bras de mer et de marais.


Selon l'Institut océanique et atmosphérique américain (NOAA), les vents qui se sont levés «augmentent la probabilité que (la nappe) atteigne les côtes tard jeudi et vendredi».


Mme Napolitano a insisté sur le fait que le groupe britannique BP, qui exploitait la plateforme pétrolière, était «responsable» de la marée noire et a exigé de sa part «la réaction la plus forte possible».


Le président Obama a remarqué que «si BP est en fin de compte responsable du coût des opérations d'intervention et de nettoyage, mon gouvernement va continuer à utiliser toutes les ressources à notre disposition, dont, le cas échéant, celles du ministère de la Défense».


La plateforme pétrolière Deepwater Horizon a coulé le 22 avril après une explosion et un incendie survenus deux jours plus tôt. Elle contenait 2,6 millions de litres de pétrole et extrayait près de 1,27 million de litres par jour. Onze personnes sont portées disparues.


Les garde-côtes ont annoncé tard mercredi la découverte d'une nouvelle fuite, estimant à «plus de 5.000 barils par jour» (800.000 litres) le volume de pétrole se déversant toujours dans la mer en provenance du puits sous-marin.


Des barrages flottants ont été déployés sur 20 milles nautiques pour tenter de contenir le pétrole. Mais, selon le gouverneur Jindal, c'est insuffisant et il faudrait en déployer encore plus.


Des équipes d'intervention ont enflammé mercredi une portion de la nappe pour tenter de contenir sa progression. Mais la météo en cours de dégradation menaçait d'annuler les effets de cet essai d'incendie «contrôlé».


Les ingénieurs se démènent pour construire un couvercle sous-marin destiné à endiguer la fuite.


En outre, BP a annoncé à l'AFP qu'elle comptait essayer une nouvelle technique qui consiste à injecter des produits dispersants au moyen de tuyaux jusqu'à la fuite pour essayer de réduire la quantité de pétrole qui remonte à la surface.


Les marais côtiers de la Louisiane constituent un sanctuaire pour la faune, en particulier les oiseaux aquatiques, et les autres Etats de la région, la Floride, l'Alabama et le Mississippi notamment, craignent que la nappe de pétrole ne souille leurs plages et ne pollue les pêcheries, cruciales pour l'économie locale.


Brent Roy qui loue des bateaux de pêche à Venice en Louisiane a jugé que la marée noire était «le pire des scénarios imaginables pour les pêcheurs de crevettes, les éleveurs d'huîtres et de crabes, et pour les pêcheurs en général».


Une plainte a été déposée par des pêcheurs de Louisiane contre BP.


Allen Johnson
Agence France-Presse
Washington

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