samedi 3 avril 2010

Eolien : un nouveau rapport va-t-il asphyxier les éoliennes ?

Le nouveau rapport parlementaire sur l’éolien rendu fin mars provoque de nombreuses réactions de contestation. Dans le cadre du Grenelle II, ce rapport propose de mieux encadrer le développement de l’éolien à travers une amélioration de la planification territoriale. Amélioration qui ne serait qu’un moyen de bloquer l’éolien selon les ONG et le syndicat des énergies renouvelables.

Le rapport juge que le développement actuel de l’éolien est mal contrôlé et contribue au mitage du paysage d’une part, et, d'autre part, qu’il engendre des coûts dispendieux dont profitent les propriétaires de parcs éolien par effet d’aubaine. Par conséquent, les conclusions de la mission d’information commune sur l’énergie éolienne, présidée par Patrick Ollier, proposent :

  • d’intégrer les parcs éoliens dans des schémas régionaux de sorte d'améliorer l’aménagement du territoire ;
  • de limiter l’implantation des éoliennes aux parcs d’une puissance supérieure à 15 mégawatts et constitués d’au moins cinq éoliennes pour limiter le mitage du paysage ;
  • de proscrire toute implantation à moins de 500 mètres d’une habitation ;
  • de les intégrer dans les installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), de manière à s’assurer de leur contrôle, comme pour toute production industrielle d’énergie.

Un rapport qui brimera l’éolien au lieu de l’harmoniser

Pour le député (PS) Philippe Plisson, qui a démissionné de sa fonction de co-rapporteur du rapport, les ONG et le syndicat des énergies renouvelables (Ser), le rapport est délibérément anti-éolien. Selon eux, ces recommandations brideront fortement le développement de l’éolien en France.


Tout d’abord, ces implantations sont déjà contrôlées. En effet, les zones de développement éolien (ZDE) restreignent depuis 2007 le rachat garanti de l’électricité éolienne à certaines zones définies en fonction du potentiel éolien, des possibilités de raccord électrique et des contraintes paysagères et écologiques. Ensuite, les grands parcs éoliens sont plus difficiles à insérer dans les paysages et ont donc aussi plus de difficultés à recueillir l’acceptation des populations locales.


Par ailleurs, le prix du rachat de l’électricité éolienne est le plus faible des énergies renouvelables en France (86 euros du MWh contre 314 à 580 euros pour le photovoltaïque) et l’un des plus faibles d’Europe.


Enfin, le classement des projets éoliens en ICPE serait inutile au regard des risques limités de ces installations. Cela contribuerait en outre à complexifier et rallonger encore la durée les procédures administratives des dossiers, déjà complexes et longues. De plus, ce serait en contradiction avec la directive européenne sur les énergies renouvelables.


Ensemble, les ONG et le Ser dénoncent donc ce rapport qui menace selon eux le développement de l’éolien en France et la filière industrielle qui en dépend, avec ses emplois verts.


Grégoire Macqueron, Futura-Sciences

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