Et comme pour les vélos BIXI, on pourra repérer les voitures disponibles grâce aux dernières innovations technologiques, combinant le GPS, les applications iPhone et un site web. Il suffira d'insérer une carte d'abonné - on espère même pouvoir utiliser la carte OPUS - pour faire démarrer la voiture.
Ces voitures «à usage spontané», l'entreprise Communauto les dévoilera aujourd'hui, a appris La Presse. Le concept existe déjà en Allemagne et au Texas, il sera offert à l'automne à Paris et il a été implanté hier à Vancouver, où il est nommé «car2go». À Montréal, il est présenté comme un «libre-service intégral», par opposition à l'autopartage offert par Communauto depuis 1994.
«Ça faisait un bon bout de temps qu'on jonglait avec cette idée, on avait commencé à préparer le terrain en parlant avec des partenaires, explique Benoit Robert, président-directeur général de Communauto. Jusqu'à maintenant, l'accueil est très favorable, mais il ne faut pas sous-estimer le défi de transformer cet accueil en appui concret.»
Nom secret
Premier appui de taille à aller chercher: la Ville de Montréal et ses 19 arrondissements. Contrairement au concept actuel d'autopartage, les nouvelles voitures en libre-service ne seront pas regroupées dans des terrains de stationnement. Elles seront tout simplement laissées dans la rue, devant des parcomètres ou des espaces réglementés, ou encore dans des stationnements municipaux. L'usager pourra prendre n'importe quelle voiture disponible dans la zone desservie - grosso modo, celle déjà couverte par les vélos BIXI - et la laisser n'importe où à l'intérieur de ce quadrilatère.
«On voudrait que ces voitures puissent être déposées dans tous les endroits où le stationnement est réglementé en ville, explique M. Robert. Plus ça va être permissif, plus l'utilisation va être facile.»
À ceux qui craignent que ces voitures viennent accaparer les rares stationnements libres au centre-ville, le PDG réplique qu'un parc de 400 voitures sur le million présentes à Montréal, «c'est une goutte d'eau dans l'océan, qui ne viendra pas créer de déséquilibre. Le grand défi sera que l'enthousiasme soit partagé par les pouvoirs publics.»
Communauto compte tracer une frontière claire entre son parc actuel de voitures en autopartage et celles qui seront en libre-service. «Les deux auront leur propre branding.» Montréal, affirme M. Robert, sera d'ailleurs la première ville au monde à offrir les deux services, auxquels viendra s'ajouter dans quelques semaines un projet-pilote permettant de louer la voiture de particuliers.
Le nom du nouveau libre-service? Un secret que M. Robert souhaite garder, puisque le nom en question n'a pas encore été officiellement enregistré. «On adore le nom "car2go", à Vancouver, et on s'est creusé la tête pour trouver quelque chose d'équivalent en français.» Quelque chose comme «Autoxi», alors? «On a justement voulu éviter de plagier ce nom», répond-il.
Un jour la voiture électrique
Les tarifs seront «essentiellement» les mêmes qu'à Vancouver, soit 0,35$ la minute, 13$ l'heure ou 66$ plus taxes par jour. On espère cependant éviter les frais d'abonnement de 35$, payables une seule fois, «afin de ne pas créer des attentes», explique le PDG. «On parle d'un service qui, comme le BIXI, a des inconvénients: vous n'êtes pas sûr de trouver en tout temps et partout l'auto dont vous avez besoin. Mais quand vous payez un prix d'entrée, ces inconvénients deviennent plus irritants.»
La date officielle du lancement du service reste imprécise, «question de ne pas emprisonner les partenaires dans un échéancier trop précis». On n'a pas non plus choisi un modèle de voiture, qu'on espère «extrêmement compacte, facile à garer et adaptée à de très courtes utilisations», selon le communiqué qui sera diffusé aujourd'hui. La voiture électrique, on espère l'introduire dans un avenir proche, «dès que des véhicules à zéro émission adaptés à cette fin seront accessibles».
Chez Communauto, on avoue d'emblée s'être montré méfiant à l'égard des projets de voitures en libre-service annoncés ailleurs depuis quelques années. Le point crucial, explique le PDG, est d'offrir un ensemble de solutions de rechange au principal ennemi, «l'automobile privée». La voiture libre-service, convient-il, peut sembler être destinée à concurrencer les taxis et les vélos BIXI, mais s'adresse à un public bien ciblé: les détenteurs de permis qui ne souhaitent pas nécessairement acquérir une voiture.
Karim Benessaieh
La Presse